La saison des mariages 2016 s’est achevée et, comme en 2015 ou 2014, je prends le temps de me livrer à ce traditionnel exercice: et si je ne devais retenir qu’une seule image de chacune de ces unions?

Comme je le dis souvent, « choisir, c’est renoncer », c’est pourquoi, outre le fait de vous présenter une extrême réduction de journées riches en émotions, je vous donne également les raisons qui m’ont amené à cette sélection.

Je m’étais mis énormément de pression pour cette prestation en Auvergne (détaillé dans le newsletter N°38) et ce moment de grâce est en opposition avec mon état d’esprit en déclenchant. Je venais de me taper un sprint afin de précéder les mariés en procession, en sortie de mairie vers le lieu de la fête. Je voulais positionner un flash déporté en vue d’un éventuel portrait des mariés devant un paysage remarquable. Hors de question d’interrompre le cortège plus de 30 secondes, juste pour une image, c’est pourquoi alors que j’attendais et voyais arriver les mariés, tout en cogitant sur mon mode opératoire, le mode reptilien a repris le dessus : cette petite ballerine m’est apparue dans un rayon printanier et j’ai détourné mon attention un instant sur elle.

J’aime beaucoup l’ambiance des préparatifs. Et c’est avec un engouement certain que j’ai suivi Anita dans ces moments. A l’issue de l’habillage, et comme je suis toujours à l’affût de nouveaux points de vue, outre le reflet dans le miroir ainsi que l’harmonie des couleurs, j’ai été ému d’intégrer dans ma composition ces figurines offertes par la fille d’Anita pour le jour J.

 Ah, la découverte… C’est toujours une suspension dans le temps. Mathieu était fin prêt et je lui ai proposé d’attendre sa belle dans ce petit vestibule en toute discrétion. C’était sans compter sur le défilé des proches qui rejoignaient l’extérieur. Je pense que cela a contribué à faire monter la pression et, même si je fais tout pour être le plus discret possible durant ces précieuses secondes, contaminé par l’émotion ambiante, j’ai eu une grosse boule dans la gorge.

En photographie de mariage, c’est parfois très sportif : je ne dis pas cela parce que Luigi est footballeur pro ou bien parce qu’il y a des figures imposées comme au patinage artistique ou bien encore parce que je me déplace beaucoup. La cérémonie religieuse venait de s’achever, j’étais resté à l’intérieur de l’église pour réaliser quelques images pendant que l’assistance sortait. Tout en shootant, je me préparais mentalement à la « mêlée fugace » de la sortie d’église. J’ai juste eu le temps de poser un flash à côté de la porte, de saisir mon marche pied laissé à l’extérieur, de me frayer un passage au sein de l’excitation des invités, de grimper et me rendre comte que le point de vue n’était pas top, de m’agenouiller pour franchir les rangs formés par les convives et en émergeant sous la foule, de relever la tête pour mitrailler ces quelques secondes. Au final, pas plus d’une douzaine de clichés (sachant que je peux shooter jusqu’à 6 images par seconde en mode rafale). Je retiens celui-ci pour l’attitude très fière de Stéphanie,pour les quelques pétales de roses qui entourent son visage,pour la démarche assurée de Luigi et l’arrière-plan du vitrail.

 Réaliser des portraits officiels ne demande pas nécessairement beaucoup de temps. Hors de question de prendre en otage les mariés qui sont là pour profiter de leurs invités! Alors lorsque, durant le cocktail approche l’heure dorée, quelques minutes d’échappée suffisent à proposer une petite respiration au couple du jour. Ce type d’image, avec un flash déporté en contre-jour est récurrent dans mes parti-pris mais je ne m’en lasse pas. Surtout lorsque cela contribue à sublimer silhouettes et environnement.

En général, la configuration des sorties d’église change peu. En l’occurrence, Saint-Hilaire à Melle, offre une disposition peu commune : un grand escalier plonge vers l’entrée et la descente se continue jusqu’à l’autel (remarquable également). Aussi, lorsque les mariés en haut des marches s’apprêtaient à rejoindre leur voiture, ce dernier regard qu’ils posent sur l’assistance devient une contre-plongée impossible à réaliser ailleurs, offrant une composition originale avec le cor de chasse.

J’ignore s’ils ont eu beaucoup de retours après ce lâcher de ballons mais je me rappelle très bien de cet envol. Plusieurs téléthons d’expérience (ça sert d’être papa m’ont permis de choisir un point de vue que l’on ne peut pas répéter si on se loupe … Du haut de mon mètre quatre vingt six, je ne pense pas naturellement à me rapprocher du sol mais là, j’avais choisi un très grand angle, et d’être au plus près de l’action. L’engouement général a fait le reste.

 J’aurais pu retenir pléthore d’images pour Aude & Matthieu, notamment lorsque les alliances sont arrivées par drone, ou bien lors du baiser « Autant en emporte le vent » avant le début du repas. Mais non, ce qui m’a marqué, ce fut cette découverte en pleine nature, quelques minutes avant la mairie. Pour la simplicité et la beauté du moment.

Avant d’aller à la mairie, nous ne disposions que de peu de temps mais malgré cela, les portraits réalisés m’ont beaucoup plu. Cette image pour la simplicité et la grâce de la robe mais surtout pour le challenge de l’instant: faire croire que nous étions presque dans une forêt avec deux arbres fruitiers sur une pelouse. Et toujours ce coup de flash en contre-jour.

Trente secondes avant l’entrée en salle, dans l’obscurité presque totale, proposer aux mariés de rejoindre un arbre à 100 mètres, galérer pour la mise au point (même avec des cailloux lumineux, difficile d’accrocher l’autofocus lorsque l’on est dans le noir), être satisfait du rendu final, c’est tout ce qui compose cette image réalisée très rapidement.

Les préparatifs en compagnie de la mariée sont des moments magiques : n’oublions pas les fous rires que l’on peut vivre en compagnie du marié et de ses garçons d’honneur et témoins ! Pour cette image sans trucages, clin d’oeil à une saga intersidérale réputée, outre le défi de déclencher au bon moment, le challenge réside aussi dans le fait d’être compréhensible dans ses intentions et dans le conditionnement des participants.

Lorsque la mariée apparaît aux côtés de son papa sur le seuil, c’est toujours une minute particulière, même si l’on sait que cela va arriver. Je suis positionné là où j’estime pouvoir réaliser l’image la plus forte possible (sachant que je ne me fige pas longtemps afin d’avoir également le regard du fiancé). Ici, j’apprécie le fait d’avoir pu aligner la flamme, le prêtre, la croix, le marié, l’assistance, la mariée et son père, et le porche. La particularité technique du contre-jour m’a amené à semer un flash déporté derrière le prêtre afin de souligner la silhouette du marié et d’éclairer un peu l’intérieur de l’église.

Les cérémonies laïques en extérieur permettent peut-être davantage de liberté de mouvement que dans les espaces clos. Ici, je remercie les mariés d’avoir disposé un drap au sol (qu’ils ont foulé sans trébucher) et qui m’a permis de mettre un genou à terre sans ruiner mon pantalon.

Pour l’originalité de la robe de la mariée (on ne voit ici que le jupon mais c’est déjà très gracieux) et l’admiration qu’ont les filles de la mariée pour leur maman. C’était le dernier mariage de cette saison 2016 et j’ai été gâté !

Ils ont été quatorze couples à me faire confiance, à m’accepter dans une intimité particulière et je tiens à tous les remercier pour le partage de ces moments inoubliables.